Litterature: LA CONFESSION

Guy de Maupassant
(1850-1893)
Contes et nouvelles 

LA CONFESSION
Résumé :
            Tout Véziers-le-Réthel avait assisté aux convoi et enterrement de M. Badon-Leremincé, et les derniers mots du discours du délégué de la préfecture demeuraient dans toutes les mémoires : "C'est un honnête homme de moins !"
Honnête homme il avait été dans tous les actes appréciables de sa vie, dans ses paroles, dans son exemple, dans son attitude, dans sa tenue, dans ses démarches, dans la coupe de sa barbe et la forme de ses chapeaux. Il n'avait jamais dit un mot qui ne contînt un exemple, jamais fait une aumône sans l'accompagner d'un conseil, jamais tendu la main sans avoir l'air de donner une espèce de bénédiction.
Il laissait deux enfants : un fils et une fille ; son fils était conseiller général, et sa fille ayant épousé un notaire, M. Poirel de la Voulte, tenait le haut du pavé dans Véziers.
Ils étaient inconsolables de la mort de leur père, car ils l'aimaient sincèrement.
         Aussitôt la cérémonie terminée, ils rentrèrent à la maison du mort, et s'étant enfermés tous trois, le fils, la fille et le gendre, ils ouvrirent le testament qui devait être décacheté par eux seuls, et seulement après que son cercueil aurait été mis en terre. Une annotation sur l'enveloppe indiquait cette volonté.
         Ce fut M. Poirel de la Voulte qui déchira le papier, en sa qualité de notaire habitué à ces opérations, et, ayant ajusté ses lunettes sur ses yeux, il lut, de sa voix terne, faite pour détailler les contrats :
- Mes enfants, mes chers enfants, je ne pourrais dormir tranquille de l'éternel sommeil si je ne vous faisais, de l'autre côté de la tombe, une confession, la confession d'un crime dont le remords a déchiré ma vie. Oui, j'ai commis un crime, un crime affreux, abominable.
          J'avais alors vingt-six ans et je débutais dans le barreau, à Paris, vivant de la vie des jeunes gens de province échoués, sans connaissances, sans amis, sans parents, dans cette ville.
          Je pris une maîtresse. Que de gens s'indignent à ce seul mot "une maîtresse", et pourtant il est des êtres qui ne peuvent vivre seuls. Je suis de ceux-là. La solitude m'emplit d'une angoisse horrible, la solitude dans le logis, auprès du feu, le soir. Il me semble alors que je suis seul sur la terre, affreusement seul, mais entouré de dangers vagues, de choses inconnues et terribles ; et la cloison qui me sépare de mon voisin, de mon voisin que je ne connais pas, m'éloigne de lui autant que des étoiles aperçues par ma fenêtre. Une sorte de fièvre m'envahit, une fièvre d'impatience et de crainte ; et le silence des murs m'épouvante. Il est si profond et si triste ce silence de la chambre où l'on vit seul ! Ce n'est pas seulement un silence autour du corps, mais un silence autour de l'âme, et, quand un meuble craque on tressaille jusqu'au coeur, car aucun bruit n'est attendu dans ce morne logis.
          Combien de fois, énervé, apeuré par cette immobilité muette, je me suis mis à parler, à prononcer des mots, sans suite, sans raison, pour faire du bruit. Ma voix alors me paraissait si étrange que j'en avais peur aussi. Est-il quelque chose de plus affreux que de parler seul dans une maison vide ? La voix semble celle d'un autre, une voix inconnue, parlant sans cause, à personne, dans l'air creux, sans aucune oreille pour l'écouter, car on sait, avant qu'elles s'échappent dans la solitude de l'appartement, les paroles qui vont sortir de la bouche. Et quand elles résonnent lugubrement dans le silence, elles n'ont plus l'air que d'un écho, l'écho singulier de mots prononcés tout bas par la pensée.
          Je pris une maîtresse, une jeune fille comme toutes ces jeunes filles qui vivent dans Paris d'un métier insuffisant à les nourrir. Elle était douce, bonne, simple ; ses parents habitaient Poissy. Elle allait passer quelques jours chez eux de temps en temps.
           Pendant un an je vécus assez tranquille avec elle, bien décidé à la quitter lorsque je trouverais une jeune personne qui me plairait assez pour l'épouser. Je laisserais à l'autre une petite rente, puisqu'il est admis, dans notre société, que l'amour d'une femme doit être payé, par de l'argent quand elle est pauvre, par des cadeaux quand elle est riche.
Mais voilà qu'un jour elle m'annonça qu'elle était enceinte. Je fus atterré et j'aperçus en une seconde tout le désastre de mon existence. La chaîne m'apparut, que je traînerais jusqu'à ma mort, partout, dans ma famille future, dans ma vieillesse, toujours : chaîne de la femme liée à ma vie par l'enfant, chaîne de l'enfant qu'il faudra élever, surveiller, protéger, tout en me cachant de lui et en le cachant au monde. J'eus l'esprit bouleversé par cette nouvelle ; et un désir confus, que je ne formulai point, mais que je sentais en mon coeur, prêt à se montrer, comme ces gens cachés derrière des portières pour attendre qu'on leur dise de paraître, un désir criminel rôda au fond de ma pensée ! - Si un accident pouvait arriver ? Il en est tant, de ces petits êtres, qui meurent avant de naître !
Oh ! Je ne désirai point la mort de ma maîtresse. La pauvre fille, je l'aimais bien ! Mais je souhaitai, peut-être, la mort de l'autre, avant de l'avoir vu ?
Il naquit. J'eus un ménage dans mon petit logis de garçon, un faux ménage avec enfant, chose horrible. Il ressemblait à tous les enfants. Je ne l'aimais guère. Les pères, voyez-vous, n'aiment que plus tard. Ils n'ont point la tendresse instinctive et emportée des mères ; il faut que leur affection s'éveille peu à peu, que leur esprit s'attache par les liens qui se nouent chaque jour entre les êtres vivant ensemble.
Un an encore s'écoula : je fuyais maintenant ma demeure trop petite, où traînaient des linges, des langes, des bas grands comme des gants, mille choses de toute espèce laissées sur un meuble, sur le bras d'un fauteuil, partout. Je fuyais surtout pour ne point l'entendre crier, lui ; car il criait à tout propos, quand on le changeait, quand on le lavait, quand on le touchait, quant on le couchait, quand on le levait, sans cesse.
J'avais fait quelques connaissances et je rencontrai dans un salon celle qui devait être votre mère. J'en devins amoureux, et le désir de l'épouser s'éveilla en moi. Je lui fis la cour ; je la demandai en mariage ; on me l'accorda.
Et je me trouvai pris dans ce piège. - Épouser, ayant un enfant, cette jeune fille que j'adorais - ou bien dire la vérité et renoncer à elle, au bonheur, à l'avenir, à tout, car ses parents, gens rigides et scrupuleux, ne me l'auraient point donnée, s'ils avaient su.
Je passai un mois horrible d'angoisse, de tortures morales ; un mois où mille pensées affreuses me hantèrent ; et je sentais grandir en moi une haine contre mon fils, contre ce petit morceau de chair vivante et criante qui barrait ma route, coupait ma vie, me condamnait à une existence sans attente, sans tous ces espoirs vagues qui font charmante la jeunesse.
Mais voilà que la mère de ma compagne tomba malade, et je restai seul avec l'enfant.
Nous étions en décembre. Il faisait un froid terrible. Quelle nuit ! Ma maîtresse venait de partir. J'avais dîné seul dans mon étroite salle et j'entrai doucement dans la chambre où le petit dormait.
Je m'assis dans un fauteuil devant le feu. Le vent soufflait, faisait craquer les vitres, un vent sec de gelée, et je voyais, à travers la fenêtre, briller les étoiles de cette lumière aiguë qu'elles ont par les nuits glacées.
Alors l'obsession qui me hantait depuis un mois pénétra de nouveau dans ma tête. Dès que je demeurais immobile, elle descendait sur moi, entrait en moi et me rongeait. Elle me rongeait comme rongent les idées fixes, comme les cancers doivent ronger les chairs. Elle était là, dans ma tête, dans mon coeur, dans mon corps entier, me semblait-il ; et elle me dévorait, ainsi qu'aurait fait une bête. Je voulais la chasser, la repousser, ouvrir ma pensée à d'autres choses, à des espérances nouvelles, comme on ouvre une fenêtre au vent frais du matin pour chasser l'air vicié de la nuit ; mais je ne pouvais, même une seconde, la faire sortir de mon cerveau. Je ne sais comment exprimer cette torture. Elle me grignotait l'âme ; et je sentais avec une douleur affreuse, une vraie douleur physique et morale, chacun de ses coups de dents.
Mon existence était finie ! Comment sortirais-je de cette situation ? Comment reculer, et comment avouer ?
Et j'aimais celle qui devait devenir votre mère d'une passion folle, que l'insurmontable obstacle exaspérait encore.
Une colère terrible grandissait, qui me serrait la gorge, une colère qui touchait à la folie... à la folie ! Certes, j'étais fou, ce soir-là !
L'enfant dormait. Je me levai et je le regardai dormir. C'était lui, cet avorton, cette larve, ce rien qui me condamnait à un malheur sans appel.
Il dormait, la bouche ouverte, enseveli sous les couvertures, dans un berceau, près de mon lit, où je ne pourrais pas dormir, moi !
Comment ai-je accompli ce que j'ai fait ? Le sais-je ? Quelle force m'a poussé, quelle puissance malfaisante m'a possédé ? Oh ! La tentation du crime m'est venue sans que je l'aie sentie s'annoncer. Je me rappelle seulement que mon coeur battait affreusement. Il battait si fort que je l'entendais comme on entend des coups de marteau derrière des cloisons. Je ne me rappelle que cela ! Mon coeur battait ! Dans ma tête c'était une étrange confusion, un tumulte, une déroute de toute raison, de tout sang-froid. J'étais dans une de ces heures d'effarement et d'hallucination où l'homme n'a plus la conscience de ses actes ni la direction de sa volonté.
Je soulevai doucement les couvertures qui cachaient le corps de mon enfant ; je les rejetai sur les pieds du berceau, et je le vis, tout nu. Il ne se réveilla pas. Alors je m'en allai vers la fenêtre, tout doucement, tout doucement ; et je l'ouvris.
Un souffle d'air glacé entra ainsi qu'un assassin, si froid que je reculai devant lui ; et les deux bougies palpitèrent. Et je restai debout près de la fenêtre, n'osant pas me retourner comme pour ne pas voir ce qui se passait derrière moi, et sentant sans cesse glisser sur mon front, sur mes joues, sur mes mains, l'air mortel qui entrait toujours. Cela dura longtemps.
Je ne pensais pas, je ne réfléchissais à rien. Tout à coup une petite toux me fit passer un épouvantable frisson des pieds à la tête, un frisson que j'ai encore en ce moment, dans la racine des cheveux. Et d'un mouvement affolé je fermai brusquement les deux battants de la fenêtre, puis, m'étant retourné, je courus au berceau.
Il dormait toujours, la bouche ouverte, tout nu. Je touchai ses jambes ; elles étaient glacées, et je les recouvris.
Mon coeur soudain s'attendrit, se brisa, s'emplit de pitié, de tendresse, d'amour pour ce pauvre être innocent que j'avais voulu tuer. Je le baisai longtemps sur ses cheveux fins ; puis je revins m'asseoir devant le feu.
Je songeai avec stupeur, avec horreur à ce que j'avais fait, me demandant d'où viennent ces tempêtes de l'âme où l'homme perd toute notion des choses, toute autorité sur lui-même, et agit dans une sorte d'ivresse affolée, sans savoir ce qu'il fait, sans savoir où il va, comme un bateau dans un ouragan.
L'enfant toussa encore une fois, et je me sentis déchiré jusqu'au coeur. S'il allait mourir ! Mon Dieu ! Mon Dieu ! Que deviendrais-je, moi ?
Je me levai pour aller le regarder ; et, une bougie à la main, je me penchai sur lui. Le voyant respirer avec tranquillité, je me rassurais, quand il toussa pour la troisième fois ; et je ressentis une telle secousse, je fis un tel mouvement en arrière, comme lorsqu'on est bouleversé par la vue d'une chose affreuse, que je laissai tomber ma bougie.
En me redressant après l'avoir ramassée, je m'aperçus que j'avais les tempes mouillées de sueur, de cette sueur chaude et gelée en même temps que produisent les angoisses de l'âme, comme si quelque chose de l'affreuse souffrance morale, de cette torture innommable qui est bien, en effet, brûlante comme le feu et froide comme la glace, transpirait à travers les os et la peau du crâne.
Et je restai jusqu'au jour penché sur mon fils, me calmant lorsqu'il demeurait longtemps tranquille, et traversé par des douleurs abominables lorsqu'une faible toux sortait de sa bouche.
Il s'éveilla avec les yeux rouges, la gorge embarrassée, l'air souffrant.
Quand ma femme de ménage entra, j'envoyai bien vite chercher un médecin. Il vint au bout d'une heure, et prononça, après avoir examiné l'enfant :
- N'a-t-il pas eu froid ?
Je me mis à trembler comme tremblent les gens très vieux, et je balbutiai :
- Mais non, je ne crois pas.
Puis je demandai :
- Qu'est-ce que c'est ? Est-ce grave ?
Il répondit :
- Je n'en sais rien encore. Je reviendrai ce soir.
Il revint le soir. Mon fils avait passé presque toute la journée dans un assoupissement invincible, toussant de temps à autre.
Une fluxion de poitrine se déclara dans la nuit.
Et cela dura dix jours. Je ne puis exprimer ce que j'ai souffert durant ces interminables heures qui séparent le matin du soir et le soir du matin.
Il mourut. Et depuis... depuis ce moment, je n'ai point passé une heure, non, pas une heure, sans que le souvenir atroce, cuisant, ce souvenir qui ronge, qui semble tordre l'esprit en le déchirant, remuât en moi comme une bête mordante enfermée au fond de mon âme.
Oh ! Si j'avais pu devenir fou !...
M. Poirel de la Voulte releva ses lunettes d'un mouvement qui lui était familier quand il avait achevé la lecture d'un contrat ; et les trois héritiers du mort se regardèrent, sans dire un mot, pâles, immobiles.
Au bout d'une minute, le notaire reprit :
- Il faut détruire cela.
Les deux autres baissèrent la tête en signe d'assentiment. Il alluma une bougie, sépara soigneusement les pages qui contenaient la dangereuse confession des pages qui contenaient les dispositions d'argent, puis il les présenta sur la flamme et les jeta dans la cheminée.
Et ils regardèrent les feuilles blanches se consumer. Elles ne formèrent bientôt plus qu'une sorte de petits tas noirs. Et comme on apercevait encore quelques lettres qui se dessinaient en blanc, la fille, du bout de son pied, écrasa à petits coups la légère croûte de papier flambé, la mêlant aux cendres anciennes.
Puis, ils restèrent encore tous les trois quelque temps à regarder cela, comme s'ils eussent craint que le secret brûlé ne s'envolât de la cheminée.

10 novembre 1884

Littérature: MOHAMMED-FRIPOUILLE

Guy de Maupassant
(1850-1893)
Contes et nouvelles
MOHAMMED-FRIPOUILLE
Résumé

Nous allons prendre le café sur le toit? demanda le capitaine.
Je répondis:
- Mais oui, certainement.
Il se leva. Il faisait déjà sombre dans la salle éclairée seulement par la cour intérieure, selon la mode des maisons mauresques. Devant les hautes fenêtres à ogive, des lianes tombaient de la grande terrasse où l'on passait les soirées chaudes de l'été. Il ne restait sur la table que des fruits, des fruits énormes d'Afrique, des raisins gros comme des prunes, des figues molles à la chair violette, des poires jaunes, des bananes allongées et grasses, et des dattes de Tougourt dans un panier d'alfa.
Le moricaud qui servait ouvrit la porte et je montai l'escalier aux murs d'azur qui recevait d'en haut la lumière douce du jour mourant.
Et bientôt je poussai un profond soupir de bonheur en arrivant sur la terrasse. Elle dominait Alger, le port, la rade et les côtes lointaines.
La maison achetée par le capitaine était une ancienne demeure arabe, située au centre de la vieille ville, au milieu de ces ruelles en labyrinthe où grouille l'étrange population des côtes d'Afrique.
Au-dessous de nous, les toits plats et carrés descendaient comme des marches de géants jusqu'aux toits obliques de la ville européenne.
Derrière ceux-ci, on apercevait les mâts des navires à l'ancre, puis la mer, la pleine mer, bleue et calme sous le ciel calme et bleu.
Nous nous étendîmes sur des nattes, la tête soutenue par des coussins, et, tout en buvant lentement le café savoureux de là-bas, je regardais paraître les premières étoiles dans l'azur assombri. On les apercevait un peu, si loin, si pâles, à peine allumées encore.
Une chaleur légère, une chaleur ailée, nous caressait la peau. Et parfois des souffles plus chauds, pesants, où passait une odeur vague, l'odeur de l'Afrique, semblaient l'haleine proche du désert, venue par-dessus les cimes de l'Atlas. Le capitaine, couché sur le dos, prononça:
    - Quel pays, mon cher! Comme la vie y est douce! Comme le repos y a quelque chose de particulier, de délicieux! Comme ces nuits-là sont faites pour rêver!
Moi, je regardais toujours naître les étoiles, avec une curiosité molle et vive cependant, avec un bonheur assoupi.
Je murmurai;
- Vous devriez bien me raconter quelque chose de votre vie dans le Sud.
Le capitaine Marret était un des plus vieux Africains de l'armée, un officier de fortune, ancien spahi, arrivé à coups de sabre.
Grâce à lui, à ses relations, à ses amitiés, j'avais pu accomplir un superbe voyage au désert; et je venais, ce soir-là, le remercier, avant de retourner en France.
Il dit:
    - Quel genre d'histoire voulez-vous? Il m'est arrivé tant d'aventures pendant mes douze années de sable, que je n'en sais plus une seule.
Et je repris:
- Parlez-moi des femmes arabes.
Il ne répondit pas. Il demeurait étendu, les bras repliés et les mains sous sa tête, et je sentais par moments l'odeur de son cigare, dont la fumée montait droit dans le ciel par cette nuit sans brise.
Et, tout d'un coup, il se mit à rire.
- Ah! Oui, je vais vous raconter une drôle d'affaire qui date de mes premiers temps d'Algérie.
Nous avions alors dans l'armée d'Afrique des types extraordinaires, comme on n'en voit plus et comme on n'en fait plus, des types qui vous auraient amusé, vous, à vous faire passer toute votre vie dans ce pays.
             J'étais simple spahi, un petit spahi de vingt ans, tout blond, et crâne, souple et vigoureux, mon cher, un vrai soldat d'Algérie. On m'avait attaché au commandement militaire de Boghar. Vous connaissez Boghar, qu'on appelle le balcon du Sud; vous avez vu du sommet du fort le commencement de ce pays de feu, rongé, nu, tourmenté, pierreux et rouge. C'est bien là l'antichambre du désert, la frontière brûlante et superbe de l'immense région des solitudes jaunes.
             Donc, nous étions à Boghar une quarantaine de spahis, une compagnie de joyeux, plus un escadron de chasseurs d'Afrique, quand on apprit que la tribu des Ouled-Berghi avait assassiné un voyageur anglais venu on ne sait comment dans ce pays, car les Anglais ont le diable au corps.
             Il fallait faire justice de ce crime commis sur un Européen; mais le commandant supérieur hésitait à envoyer une colonne, trouvant vraiment qu'un Anglais ne valait pas tant de mouvement.
Or, comme il causait de cette affaire avec le capitaine et le lieutenant, un maréchal des logis des spahis, qui attendait pour le rapport, proposa, tout à coup, d'aller châtier la tribu si on lui donnait six hommes seulement.
Vous savez que dans le Sud on est plus libre que dans les garnisons des villes, et il existe, entre l'officier et le soldat, une sorte de camaraderie qu'on ne retrouve pas ailleurs.
Le capitaine se mit à rire:
- Toi, mon brave?
- Oui, mon cap'taine, et, si vous le désirez, je vous ramènerai toute la tribu prisonnière.
Le commandant, qui était un fantaisiste, le prit au mot:
- Tu partiras demain matin avec six hommes de ton choix et, si tu n'accomplis pas ta promesse, gare à toi!
Le sous-officier souriait dans sa moustache.
- Ne craignez rien, mon commandant. Mes prisonniers seront ici mercredi midi, au plus tard.
Ce maréchal des logis, Mohammed-Fripouille, comme on l'appelait, était un homme vraiment surprenant, un Turc, un vrai Turc, entré au service de la France après une vie très ballottée, et pas très claire, sans doute. Il avait voyagé en beaucoup de lieux, en Grèce, en Asie Mineure, en Egypte, en Palestine, et il avait dû laisser pas mal de forfaits sur sa route. C'était un vrai bachi-bouzouk, hardi, noceur, féroce et gai, d'une gaieté calme d'Oriental. Il était gros, très gros, mais souple comme un singe, et il montait à cheval d'une façon merveilleuse. Ses moustaches, invraisemblablement épaisses et longues, éveillaient toujours en moi une idée confuse de croissant de lune et de cimeterre. Il haïssait les Arabes d'une haine exaspérée, et il les traitait avec une cruauté sournoise épouvantable, inventant sans cesse des ruses nouvelles, des perfidies calculées et terribles.
Il était, en outre, d'une force incroyable et d'une audace invraisemblable.
Le commandant lui dit:
    - Choisis tes hommes, mon gaillard.
Mohammed me prit. Il avait confiance en moi, ce brave, et je lui demeurai dévoué corps et âme pour ce choix, qui me fit autant de plaisir que la croix d'honneur, plus tard.
Donc nous partîmes le lendemain matin, dès l'aurore, tous les sept rien que nous sept. Mes camarades étaient de ces bandits, de ces forbans qui, après avoir maraudé et vagabondé dans tous les pays possibles finissent par prendre du service dans une légion étrangère quelconque. Notre armée d'Afrique était alors pleine de ces crapules, excellents soldats, mais peu scrupuleux.
Mohammed avait donné à porter à chacun de nous une dizaine de bouts de corde, longs d'un mètre environ. J'étais chargé, en outre, comme étant le plus jeune et le moins lourd, d'une grande corde entière, de cent mètres. Comme on lui demandait ce qu'il voulait faire avec toute cette ficelle, il répondit de son air sournois et placide:
- C'est pour la pêche à l'Arabe.
    Et il clignait de l'œil avec malice, mouvement qu'il avait appris d'un vieux chasseur d'Afrique parisien.
    Il marchait en tête de notre troupe, coiffé d'un turban rouge qu'il portait toujours en campagne, et il souriait d'un air ravi dans son énorme moustache.
    Il était vraiment beau, ce large Turc, avec son ventre puissant, ses épaules de colosse et son air tranquille. Il montait un cheval blanc, de taille moyenne, mais robuste; et le cavalier semblait dix fois trop gros pour sa monture.
    Nous nous étions engagés dans un petit vallon pierreux, nu, tout jaune qui tombe dans la vallée du Chérif, et nous causions de notre expédition. Mes compagnons avaient tous les accents possibles, car on trouvait parmi eux un Espagnol, deux Grecs, un Américain et trois Français. Quant à Mohammed-Fripouille, il grasseyait d'une façon invraisemblable.
    Le soleil, le terrible soleil, le soleil du Sud, qu'on ne connaît point de l'autre côté de la Méditerranée, nous tombait sur les épaules, et nous avancions au pas, comme on fait toujours là-bas.
    Tout le jour, on marcha sans rencontrer un arbre ni un Arabe.
Vers une heure de l'après-midi, nous avions mangé, auprès d'une petite source qui coulait entre les pierres, le pain et le mouton sec emportés dans notre sac, puis, au bout de vingt minutes de repos, on s'était remis en route.
Vers six heures du soir, enfin, après un long détour que nous avait fait faire notre chef, nous découvrîmes, derrière un mamelon, une tribu campée. Les tentes brunes, basses, faisaient des taches sombres sur la terre jaune, semblaient de gros champignons du désert poussés au pied de ce monticule rouge calciné par le soleil.
          C'étaient nos gens. Un peu plus loin, au bord d'une plaine d'alfa d'un vert sombre, les chevaux attachés pâturaient.
         Mohammed ordonna: "Au galop!" et nous arrivâmes comme un ouragan au milieu du campement. Les femmes, affolées, couvertes de haillons blancs qui pendaient et flottaient autour d'elles, rentraient vivement dans leurs tanières de toile, rampant et se courbant, et criant comme des bêtes chassées. Les hommes, au contraire, sortaient de tous les côtés pour songer à se défendre.
Nous allions droit sur la tente la plus haute, celle de l'agha.
Nous gardions le sabre au fourreau, à l'exemple de Mohammed, qui galopait d'une façon singulière. Il demeurait absolument immobile, assis tout droit sur son petit cheval qui se démenait sous lui comme un furieux pour porter cette masse. Et la tranquillité du cavalier aux longues moustaches contrastait étrangement avec la vivacité de l'animal.
Le chef indigène sortit de sa tente comme nous arrivions devant. C'était un grand homme maigre, noir, avec un œil luisant, le front en saillie, le sourcil en arc de cercle. Il cria, en arabe:
- Que voulez-vous?
Mohammed, arrêtant net son cheval, lui répondit dans sa langue:
- C'est toi qui as tué le voyageur anglais?
L'agha prononça, d'une voix forte:
- Je n'ai pas d'interrogatoire à subir de toi.
C'était autour de nous comme une tempête grondante. Les Arabes accouraient de tous les côtés, nous pressaient, nous enfermaient, vociféraient.
Ils avaient l'air d'oiseaux de proie féroces avec leur grand nez recourbé, leur face maigre aux os saillants, leurs larges vêtements agités par leurs gestes.
Mohammed souriait, son turban de travers, l'œil excité, et je voyais comme des frissons de plaisir sur ses joues un peu tombantes, charnues et ridées.
Il reprit d'une voix tonnante qui domina les clameurs:
    - La mort à celui qui a donné la mort!
Et il tendit son revolver vers la face brune de l'agha. Je vis un peu de fumée sortir du canon; puis une écume rose de cervelle et de sang jaillit du front du chef. Il tomba, foudroyé, sur le dos, en ouvrant les bras, qui soulevèrent, comme des ailes, les pans flottants de son burnous.
Certes, je crus mon dernier jour venu, tant le tumulte fut terrible autour de nous.
Mohammed avait tiré son sabre. Nous dégainâmes comme lui. Il cria, en écartant d'un moulinet ceux qui le serraient le plus:
- La vie sauve à ceux qui se soumettront. La mort aux autres.
Et, saisissant de sa poigne d'hercule le plus proche, il le coucha sur sa selle, lui lia les mains, en hurlant vers nous:
- Faites comme moi et sabrez ceux qui résisteront.
En cinq minutes, nous eûmes capturé une vingtaine d'Arabes dont nous attachions solidement les poignets. Puis on poursuivit les fuyards;car ç'avait été une déroute autour de nous à la vue des sabres nus. On ramena encore une trentaine d'hommes environ.
Par toute la plaine, on apercevait des choses blanches qui couraient. Les femmes traînaient leurs enfants et poussaient des clameurs aiguës. Les chiens jaunes, pareils à des chacals, tournaient autour de nous en aboyant, et nous montraient leurs crocs pâles.
Mohammed, qui semblait fou de joie, sauta de cheval d'un bond, et saisissant la corde que j'avais apportée:
- Attention, les enfants, dit-il, deux hommes à terre.
Alors il fit une chose terrible et drôle: un chapelet de prisonniers, ou plutôt un chapelet de pendus. Il avait attaché solidement les deux poings du premier captif, puis il fit un nœud coulant autour de son cou avec la même corde qui serrait de nouveau les bras du suivant, puis s'enroulait ensuite à sa gorge. Nos cinquante prisonniers se trouvèrent bientôt liés de telle sorte que le moindre mouvement de l'un pour s'enfuir l'eût étranglé, ainsi que ses deux voisins. Tout geste qu'ils faisaient tirait sur le nœud coulant du col, et il leur fallait marcher d'un pas égal sans s'écarter d'un rien l'un de l'autre sous peine de tomber aussitôt comme un lièvre pris au collet.
Quand cette étrange besogne fut finie, Mohammed se mit à rire, de son rire silencieux qui lui secouait le ventre sans qu'aucun bruit sortît de sa bouche.
- Ça, c'est la chaîne arabe, dit-il.
Nous-mêmes, nous commencions à nous tordre devant la figure effarée et piteuse des prisonniers.
- Maintenant, cria notre chef, un pieu à chaque bout, les enfants, attachez-moi ça.
On fixa en effet un pieu à chaque bout de ce ruban de captifs blancs pareils à des fantômes, et qui demeuraient immobiles, comme s'ils eussent été changés en pierres.
- Et dînons, prononça le Turc.
On alluma du feu et on fit cuire un mouton que nous dépeçâmes de nos mains. Puis on mangea des dattes trouvées dans les tentes; on but du lait obtenu de la même façon et on ramassa quelques bijoux d'argent oubliés par les fugitifs.
Nous achevions tranquillement notre repas quand j'aperçus, sur la colline d'en face, un singulier rassemblement. C'étaient les femmes qui s'étaient sauvées tout à l'heure, rien que les femmes. Et elles venaient vers nous en courant. Je les montrai à Mohammed-Fripouille.
Il sourit.
- C'est le dessert! dit-il.
Ah! Oui, le dessert!
Elles arrivaient, galopant comme des forcenées, et bientôt nous fûmes criblés de pierres qu'elles nous lançaient sans arrêter leur course, et nous vîmes qu'elles étaient armées de couteaux, de pieux de tente et de vieilles vaisselles.
Mohammed cria: "A cheval!" Il était temps. L'attaque fut terrible. Elles venaient délivrer les prisonniers et cherchaient à couper la corde. Le Turc, comprenant le danger, devint furieux et hurla: "Sabrez! - sabrez! -sabrez!" Et comme nous demeurions immobiles, troublés devant cette charge d'un nouveau genre, hésitant à tuer des femmes, il s'élança sur la troupe envahissante.
Il chargea, tout seul, ce bataillon de femelles en loques, et il se mit à sabrer, le gueux, à sabrer comme un forcené, avec une telle rage, un tel emportement, qu'on voyait tomber un corps blanc chaque fois que s'abattait son bras.
Il était tellement terrible que les femmes, épouvantées, s'enfuirent aussi vite qu'elles étaient arrivées, laissant sur la place une douzaine de mortes et de blessées dont le sang rouge tachait les vêtements pâles.
Et Mohammed, le visage bouleversé, revint vers nous, répétant:
- Filons, filons, mes fils; elles vont revenir.
Et nous battîmes en retraite, conduisant d'un pas lent nos prisonniers paralysés par la peur de la strangulation.
Le lendemain, midi sonnait comme nous arrivions à Boghar avec notre chaîne de pendus. Il n'en était mort que six en route. Mais il avait fallu bien souvent desserrer les nœuds d'un bout à l'autre du convoi, car toute secousse étranglait d'un seul coup une dizaine de captifs.
Le capitaine se tut. Je ne répondis rien. Je songeais à l'étrange pays où l'on pouvait voir de pareilles choses; et je regardais dans le ciel noir le troupeau innombrable et luisant des étoiles.

20 septembre 1884
Source:
maupassant.free.fr

Litterature: LA FICELLE

(1850-1893)
Contes et nouvelles
LA FICELLE 
Résumé 
Sur toutes les routes autour de Goderville, les paysans et leurs femmes s'en venaient vers le bourg, car c'était jour de marché. Les mâles allaient, à pas tranquilles, tout le corps en avant à chaque mouvement de leurs longues jambes torses, déformées par les rudes travaux, par la pesée sur la charrue qui fait en même temps monter l'épaule gauche et dévier la taille, par le fauchage des blés qui fait écarter les genoux pour prendre un aplomb solide, par toutes les besognes lentes et pénibles de la campagne. Leur blouse bleue, empesée, brillante, comme vernie, ornée au col et aux poignets d'un petit dessin de fil blanc, gonflée autour de leur torse osseux, semblait un ballon prêt à s'envoler, d'où sortait une tête, deux bras et deux pieds.

Les uns tiraient au bout d'une corde une vache, un veau. Et leurs femmes, derrière l'animal, lui fouettaient les reins d'une branche encore garnie de feuilles, pour hâter sa marche. Elles portaient au bras de larges paniers d'où sortaient des têtes de poulets par-ci, des têtes de canards par-là. Et elles marchaient d'un pas plus court et plus vif que leurs hommes, la taille sèche, droite et drapée dans un petit châle étriqué, épinglé sur leur poitrine plate, la tête enveloppée d'un linge blanc collé sur les cheveux et surmontée d'un bonnet.

Puis un char à bancs passait, au trot saccadé d'un bidet, secouant étrangement deux hommes assis côte à côte et une femme dans le fond du véhicule, dont elle tenait le bord pour atténuer les durs cahots.

Sur la place de Goderville, c'était une foule, une cohue d'humains et de bêtes mélangés. Les cornes des boeufs, les hauts chapeaux à longs poils des paysans riches et les coiffes des paysannes émergeaient à la surface de l'assemblée. Et les voix criardes, aiguës, glapissantes, formaient une clameur continue et sauvage que dominait parfois un grand éclat poussé par la robuste poitrine d'un campagnard en gaieté, ou le long meuglement d'une vache attachée au mur d'une maison. Tout cela sentait l'étable, le lait et le fumier, le foin et la sueur, dégageait cette saveur aigre, affreuse, humaine et bestiale, particulière aux gens des champs.

Maître Hauchecorne, de Bréauté, venait d'arriver à Goderville, et il se dirigeait vers la place, quand il aperçut par terre un petit bout de ficelle. Maître Hauchecorne, économe en vrai Normand, pensa que tout était bon à ramasser qui peut servir ; et il se baissa péniblement, car il souffrait de rhumatismes. Il prit par terre le morceau de corde mince, et il se disposait à le rouler avec soin, quand il remarqua, sur le seuil de sa porte, maître Malandain, le bourrelier, qui le regardait. Ils avaient eu des affaires ensemble au sujet d'un licol, autrefois, et ils étaient restés fâchés, étant rancuniers tout deux. Maître Hauchecorne fut pris d'une sorte de honte d'être vu ainsi par son ennemi, cherchant dans la crotte un bout de ficelle. Il cacha brusquement sa trouvaille sous sa blouse, puis dans la poche de sa culotte ; puis il fit semblant de chercher encore par terre quelque chose qu'il ne trouvait point, et il s'en alla vers le marché, la tête en avant, courbé en deux par ses douleurs.

Il se perdit aussitôt dans la foule criarde et lente, agitée par les interminables marchandages. Les paysans tâtaient les vaches, s'en allaient, revenaient, perplexes, toujours dans la crainte d'être mis dedans, n'osant jamais se décider, épiant l'oeil du vendeur, cherchant sans fin à découvrir la ruse de l'homme et le défaut de la bête.

Les femmes, ayant posé à leurs pieds leurs grands paniers, en avaient tiré leurs volailles qui gisaient par terre, liées par les pattes, l'oeil effaré, la crête écarlate. Elles écoutaient les propositions, maintenaient leurs prix, l'air sec, le visage impassible, ou bien tout à coup, se décidant au rabais proposé, criait au client qui s'éloignait lentement :
- C'est dit, maît'Anthime. J'vous l'donne. Puis peu à peu, la place se dépeupla et l'angélus sonnant midi, ceux qui demeuraient trop loin se répandirent dans les auberges.

Chez Jourdain, la grande salle était pleine de mangeurs, comme la vaste cour était pleine de véhicules de toute race, charrettes, cabriolets, chars à bancs, tilbury, carrioles innommables, jaunes de crotte, déformées, rapiécées, levant au ciel, comme deux bras, leurs brancards, ou bien le nez par terre et le derrière en l'air.

Tout contre les dîneurs attablés, l'immense cheminée, pleine de flamme claire, jetait une chaleur vive dans le dos de la rangée de droite. Trois broches tournaient, chargées de poulets, de pigeons et de gigots ; et une délectable odeur de viande rôtie et de jus ruisselant sur la peau rissolée, s'envolait de l'âtre, allumait les gaietés, mouillait les bouches.

Toute l'aristocratie de la charrue mangeait là, chez maît'Jourdain, aubergiste et maquignon, un malin qui avait des écus. Les plats passaient, se vidaient comme les brocs de cidre jaune. Chacun racontait ses affaires, ses achats et ses ventes. On prenait des nouvelles des récoltes. Le temps était bon pour les verts, mais un peu mucre pour les blés.

Tout à coup le tambour roula, dans la cour, devant la maison. Tout le monde aussitôt fut debout, sauf quelques indifférents, et on courut à la porte, aux fenêtres, la bouche encore pleine et la serviette à la main.

Après qu'il eut terminé son roulement, le crieur public lança d'une voix saccadée, scandant ses phrases à contretemps : - Il est fait assavoir aux habitants de Goderville, et en général à toutes les personnes présentes au marché, qu'il a été perdu ce matin, sur la route de Beuzeville, entre neuf heures et dix heures, un portefeuille en cuir noir contenant cinq cents francs et des papiers d'affaires. On est prié de le rapporter à la mairie, incontinent, ou chez maître Fortuné Houlbrèque, de Manerville. Il y aura vingt francs de récompense.

Puis l'homme s'en alla. On entendit encore une fois au loin les battements sourds de l'instrument et la voix affaiblie du crieur;
Alors on se mit à parler de cet événement, en énumérant les chances qu'avait maître Houlbrèque de retrouver ou de ne pas retrouver son portefeuille. Et le repas s'acheva.
On finissait le café, quand le brigadier de gendarmerie parut sur le seuil.
Il demanda :

- Maître Hauchecorne, de Bréauté, est-il ici ?
Maître Hauchecorne, assis à l'autre bout de la table, répondit :
- Me v'là.
Et le brigadier reprit :
- Maître Hauchecorne, voulez-vous avoir la complaisance de m'accompagner à la mairie ? M. le maire voudrait vous parler.
Le paysan, surpris, inquiet, avala d'un coup son petit verre, se leva et, plus courbé encore que le matin, car les premiers pas après chaque repos étaient particulièrement difficiles, il se mit en route en répétant:
- Me v'là, me v'là
Et il suivit le brigadier.
Le maire l'attendait, assis dans un fauteuil. C'était le notaire de l'endroit, homme gros, grave, à phrases pompeuses.
- Maître Hauchecorne, dit-il, on vous a vu ce matin ramasser, sur la route de Beuzeville, le portefeuille perdu par maître Houlbrèque, de Manerville.
Le campagnard, interdit, regardait le maire, apeuré déjà par ce soupçon qui pesait sur lui, sans qu'il comprît pourquoi.
- Mé, mé, j'ai ramassé çu portafeuille ?
- Oui, vous-même.
- Parole d'honneur, j' n'en ai seulement point eu connaissance.
- On vous a vu.
- On m'a vu, mé ? Qui ça qui m'a vu ?
- M. Malandain, le bourrelier.
Alors le vieux se rappela, comprit et, rougissant de colère.
- Ah ! i m'a vu, çu manant ! I m'a vu ramasser ct'e ficelle-là, tenez, m'sieu le Maire.
Et fouillant au fond de sa poche, il en retira le petit bout de corde.
Mais le maire, incrédule, remuait la tête :
- Vous ne me ferez pas accroire, maître Hauchecorne, que M. Malandain, qui est un homme digne de foi, a pris ce fil pour un portefeuille ?
Le paysan, furieux, leva la main, cracha de côté pour attester son honneur, répétant :
- C'est pourtant la vérité du bon Dieu, la sainte vérité, m'sieu le Maire. Là sur mon âme et mon salut, je l'répète.
Le maire reprit :
- Après avoir ramassé l'objet, vous avez même encore cherché longtemps dans la boue si quelque pièce de monnaie ne s'en était pas échappée.
Le bonhomme suffoquait d'indignation et de peur.
- Si on peut dire !... si on peut dire !...des menteries comme ça pour dénaturer un honnête homme ! Si on peut dire !...
Il eut beau protester, on ne le crut pas.
Il fut confronté avec M. Malandain, qui répéta et soutint son affirmation. Ils s'injurièrent une heure durant. On fouilla, sur sa demande, maître Hauchecorne. On ne trouva rien sur lui.
Enfin le maire, fort perplexe, le renvoya, en le prévenant qu'il allait aviser le parquet et demander des ordres.
La nouvelle s'était répandue. A sa sortie de la mairie, le vieux fut entouré, interrogé avec une curiosité sérieuse et goguenarde, mais où n'entrait aucune indignation. Et il se mit à raconter l'histoire de la ficelle. On ne le crut pas. On riait.
Il allait, arrêté par tous, arrêtant ses connaissances, recommençant sans fin son récit et ses protestations, montrant ses poches retournées, pour prouver qu'il n'avait rien.
On lui disait :
- Vieux malin, va !
Et il se fâchait, s'exaspérant, enfiévré, désolé de n'être pas cru, ne sachant que faire, et contant toujours son histoire.
La nuit vient; Il fallait partir. Il se mit en route avec trois voisins à qui il montra la place où il avait ramassé le bout de corde ; et tout le long du chemin il parla de son aventure.
Le soir, il fit une tournée dans le village de Bréauté, afin de la dire à tout le monde. Il ne rencontra que des incrédules.
Il en fut malade toute la nuit.
Le lendemain, vers une heure de l'après-midi, Marius Paumelle, valet de ferme de maître Breton, cultivateur à Ymauville, rendait le portefeuille et son contenu à maître Houlbrèque, de Manerville. Cet homme prétendait avoir en effet trouvé l'objet sur la route ; mais ne sachant pas lire, il l'avait rapporté à la maison et donné à son patron.
La nouvelle se répandit aux environs. Maître Hauchecorne en fut informé. Il se mit aussitôt en tournée et commença à narrer son histoire complétée du dénouement. Il triomphait.
- C'qui m'faisait deuil, disait-il, c'est point tant la chose, comprenez-vous ; mais c'est la menterie. Y a rien qui vous nuit comme d'être en réprobation pour une menterie. Tout le jour il parlait de son aventure, il la contait sur les routes aux gens qui passaient, au cabaret aux gens qui buvaient, à la sortie de l'église le dimanche suivant. Il arrêtait des inconnus pour la leur dire. Maintenant il était tranquille, et pourtant quelque chose le gênait sans qu'il sût au juste ce que c'était. On avait l'air de plaisanter en l'écoutant. On ne paraissait pas convaincu. Il lui semblait sentir des propos derrière son dos.
Le mardi de l'autre semaine, il se rendit au marché de Goderville, uniquement poussé par le besoin de conter son cas. Malandain, debout sur sa porte, se mit à rire en le voyant passer. Pourquoi ? 
Il aborda un fermier de Criquetot, qui ne le laissa pas achever et, lui jetant une tape dans le creux de son ventre, lui cria par la figure : "Gros malin, va!" Puis lui tourna les talons.
Maître Hauchecorne demeura interdit et de plus en plus inquiet. Pourquoi l'avait-on appelé "gros malin" ?
Quand il fut assis à table, dans l'auberge de Jourdain, il se remit à expliquer l'affaire. Un maquignon de Montivilliers lui cria :
- Allons, allons, vieille pratique, je la connais, ta ficelle !
Hauchecorne balbutia :
- Puisqu'on l'a retrouvé çu portafeuille ?
Mais l'autre reprit :
- Tais-toi, mon pé, y en a qui trouve et y en a un qui r'porte. Ni vu ni connu, je t'embrouille !
Le paysan resta suffoqué. Il comprenait enfin. On l'accusait d'avoir fait reporter le portefeuille par un compère, par un complice.
Il voulut protester. Toute la table se mit à rire.
Il ne put achever son dîner et s'en alla, au milieu des moqueries.
Il rentra chez lui, honteux et indigné, étranglé par la colère, par la confusion, d'autant plus atterré qu'il était capable, avec sa finauderie de Normand, de faire ce dont on l'accusait, et même de s'en vanter comme d'un bon tour. Son innocence lui apparaissait confusément comme impossible à prouver, sa malice étant connue. Et il se sentait frappé au coeur par l'injustice du soupçon.
Alors il recommença à conter l'aventure, en allongeant chaque jour son récit, ajoutant chaque fois des raisons nouvelles, des protestations plus énergiques, des serments plus solennels qu'il imaginait, qu'il préparait dans ses heures de solitude, l'esprit uniquement occupé par l'histoire de la ficelle; On le croyait d'autant moins que sa défense était plus compliquée et son argumentation plus subtile.
- Ca, c'est des raisons d'menteux, disait-on derrière son dos.
Il le sentait, se rongeait les sangs, s'épuisait en efforts inutiles.
Il dépérissait à vue d'oeil.
Les plaisants maintenant lui faisaient conter "la Ficelle" pour s'amuser, comme on fait conter sa bataille au soldat qui a fait campagne. Son esprit, atteint à fond, s'affaiblissait.
Vers la fin de décembre, il s'alita.
Il mourut dans les premiers jours de janvier et, dans le délire de l'agonie, il attestait son innocence, répétant :
- Une 'tite ficelle ...une 'tite ficelle ... t'nez, la voilà, m'sieu le Maire.

25 novembre 1883

Source: /maupassant.free.fr

Littérature : Molière

"Molière, ce grand peintre de l'homme tel qu'il est." Stendhal

Parce qu'il était comédien, Molière n'a pas été élu à l'académie française. Parce qu'il n'a pas abjuré cette profession, il n'a pu, à l'issue de la quatrième représentation du Malade imaginaire, alors qu'il était en train de mourir d'une hémorragie, et malgré son souhait, recevoir les derniers sacrements. Il a échappé de peu à la fosse commune et n'a pu être inhumé que grâce à l'intervention de Louis XIV auprès de l'évêque de Paris. Il a été enterré de nuit, sans aucune cérémonie.

Pourtant aujourd’hui, spontanément, lorsque l'on veut évoquer la langue française, on parle de la langue de Molière. Et s'il ne fallait citer qu'un seul auteur pour incarner la comédie à la française, nul doute que ce serait lui.

Molière n'a vécu que pour le théâtre. Il a incarné le théâtre, y jouant tous les rôles : comédien, metteur en scène, directeur de troupe et auteur. Et même s'il connut des difficultés comme directeur de troupe ou comme auteur, il bénéficia d'une immense notoriété, aussi bien auprès du public, que de la cour ou de ses pairs. Ce succès, il le dut à ses talents d'acteur comique, à sa qualité d'animateur de troupe mais aussi, bien sûr, à son génie d'auteur.

En tant qu'auteur, Molière parvient à hisser la comédie, alors considérée comme un art mineur, au rang de la tragédie. Il réussit à réaliser la synthèse de plusieurs genres tels que la farce, la comédie italienne ou la comédie d’intrigues. Observateur attentif des mœurs de son temps, il sait en dégager une image tantôt ironique tantôt attendrie.

Et Molière n'hésite pas à s'engager, ce qui lui vaut des tas de détracteurs. Tour à tour il s'attaque aux précieuses ridicules ou aux bourgeois vaniteux, aux faux dévots et aux vrais avares, aux médecins ignorants et aux femmes savantes. Il se plaît à condamner le ridicule des conduites excessives, à dénoncer l'erreur, et à rendre hommage à la spontanéité.

Comme Shakespeare ou Goethe, Molière incarne la langue et la culture de son pays, ce qui fait dire à Jean d'Ormesson : "Au même titre que Hugo, que la baguette de pain, que le coup de vin rouge, que la 2CV Citroën et que le béret basque, Molière est un des mythes fondateurs de notre identité nationale"
Source :
Thibault Doulan
alalettre.com/

Litterature: Candide

Candide de Voltaire

Résumé

Le jeune Candide, dont le nom traduit à la fois la naïveté et la crédulité vit dans le "meilleur des mondes possibles" chez son oncle, le baron de Thunder-ten-Tronckh.

Enfant naturel, Candide mène une existence heureuse dans cet univers idyllique : Le baron et la baronne de Thunder-ten-Tronckh possèdent en effet "le plus beau des châteaux". Candide est ébloui par la puissance de son oncle, et par les sophismes lénifiants du docteur Pangloss, le précepteur. Il admire également Cunégonde, la fille du baron. Tout bascule le jour des premiers ébats de Candide et de Cunégonde. La réaction du baron est brutale, Candide est banni et chassé de cet Eden. Il se retrouve dans "le vaste monde".

Candide est pris dans une tempête de neige et connaît la faim et le froid. Il est enrôlé de force comme soldat de l'armée bulgare. I prend la fuite. Capturé, il est condamné à recevoir quatre mille coups de bâton. Il échappe de justesse à la mort. Il assiste alors à la guerre et à ses massacres : c'est "une boucherie héroïque". Candide déserte et fuit jusqu'en Hollande. Il y découvre l'intolérance, et notamment l'hypocrisie sectaire d'un prédicateur huguenot. Il retrouve Pangloss rongé par la vérole. Son ancien précepteur a des allures de gueux. Il lui apprend que le beau château du baron Thunder-ten-Tronckh a été détruit et que Cunégonde a été violée et éventrée par les soldats bulgares. L'armée bulgare a également tué le baron, la baronne et leur fils. Candide et Pangloss sont recueillis et embauchés par Jacques, un bon anabaptiste qui les emmène au Portugal où le réclame son commerce. Hélas, au large de Lisbonne, leur navire connaît une horrible tempête. Le bateau du généreux négociant est englouti et ce dernier périt dans le naufrage. Candide et Pangloss en réchappent par miracle. Dès leur arrivée à Lisbonne, se produit un épouvantable tremblement de terre. Candide et Pangloss participent eux opérations de sauvetage, mais nos deux héros sont arrêtés pour propos subversifs et déférés à l'Inquisition. Pangloss est pendu et Candide flagellé. Une vieille dame le soigne et le mène de nuit dans une maison isolée. Il est présenté à une superbe femme : Cunégonde. Elle lui confirme qu'elle a été violée et éventrée, et que c'est par miracle qu'elle est encore en vie : "on ne meurt pas toujours de ces deux accidents". Cunégonde est devenue à la fois la maîtresse de Don Issachar, un banquier juif et du grand inquisiteur de Lisbonne. Menacé par ses deux rivaux, "le doux Candide", parvient à les tuer. Candide, Cunégonde et la vieille dame s'enfuient alors en direction de Cadix. Ils arrivent à Cadix au moment où un bateau s'apprête à partir en Amérique latine. Son équipage est chargé d'aller y combattre la rébellion qui règne contre les rois d'Espagne et du Portugal. Candide parvient à se faire engager. Il embarque avec Cunégonde, la vieille dame et deux valets. Lors de la traversée, la vieille dame raconte son aventure. Fille d'un pape et d'une princesse, elle a grandi " en beauté, en grâces, en talents, au milieu des plaisirs, des respects et des espérances..." Puis elle a connu une suite épouvantable de malheurs : l'empoisonnement de son fiancé, l'enlèvement de sa mère, sa vente à des marchands d'esclaves. Elle s'est retrouvée prisonnière dans un fort, puis elle est devenue l'esclave d'un seigneur moscovite qui l'a batttue. Elle finira par devenir la servante de Don Issachar qui la met à disposition de Cunégonde à qui elle se lie.

Suite à ce récit, la vieille dame demande aux autres passagers de raconter leur histoire. Les récits s'enchaînent, plus noirs les uns que les autres. Candide commence à prendre conscience que le mal existe sur cette terre.

A peine arrivés à Buenos Aires, Candide et Cunégonde sont à nouveau séparés. La vielle dame conseille en effet à Cunégonde de rester auprès du gouverneur qui s'est épris d'elle et à Candide de fuir l'Inquisition qui a retrouvé sa trace. Candide part avec son valet Cacambo se réfugier chez les jésuites du Paraguay. Ils y retrouvent le frère de Cunégonde, lui aussi miraculeusement rescapé. Le baron évoque son miracle : Alors qu'on allait l'enterrer, le battement de sa paupière l'a sauvé. On l'a soigné et guéri. Sa beauté, fort appréciée, lui a valu une grande fortune. Mais le jeune baron refuse qu'un bâtard puisse épouser sa sœur et frappe Candide du plat de son épée. Celui-ci se défend et le tue d'un coup d'épée.

Candide et Cacambo reprennent la fuite et se retrouvent dans un pays inconnu. Il sont faits prisonniers par les indigènes et sont à deux doigts d'être mangés. Ils ne doivent leur salut qu'à la verve et à l'habileté de Cacambo. Ils sont graciés.

Ils se dirigent alors vers Cayenne, à la recherche de la colonie française. Ils souffrent de la faim. Un jour, ils découvrent un canot sur une rivière. Ils montent à bord et se laissent porter par le courant. Le canot emprunte une voûte secrète. Candide et Cacambo se retrouvent sous terre, dans une magnifique contrée, l'Eldorado, "le pays où tout va bien" : un pays où les repas sont délicieux, les mœurs pacifiques, la population heureuse, la religion tolérante et le souverain humaniste. Mais nos héros sont trop vaniteux pour se satisfaire de cet univers idéal. Ils souhaitent revenir en Europe avec l'espoir d'éblouir Cunégonde et le monde entier de leur récit et de leur richesse. Le souverain du royaume en effet les laisse partir avec cent moutons chargés de nourriture, de pierres précieuses et d'or. Il les met aussi en garde : le bonheur ne se trouve ni dans les pierres précieuses ni dans l'or.

Candide et Cacambo retrouvent le monde. Pendant plus de trois mois, ils marchent dans les marais, les déserts et au bord des précipices. Leurs moutons meurent les uns après les autres. Lorsqu'ils arrivent à Surinam, ils n'ont plus que deux moutons. Ils rencontrent alors un esclave noir atrocement mutilé. Ceci révolte Candide et l'amène à donner une autre définition de l'optimisme : " la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal".

Nos deux héros se séparent : Candide envoie Cacambo racheter Cunégonde au gouverneur de Buenos Aires, tandis qu'il ira l'attendre à Venise.

Mais Candide se fait duper et voler par un marchand qui lui prend ses deux derniers moutons et s'embarque pour Venise sans l'attendre. Il parvient finalement à trouver un vaisseau en partance pour Bordeaux et s'embarque en compagnie d'un pauvre savant persécuté à qui il paye son voyage. Il a l'espoir que ce compagnon puisse le "désennuyer" durant le traversée.

Sur le bateau qui les emmène à Bordeaux Candide et Martin, le savant discutent du bien et du mal et de la nature de l'homme. Martin lui indique qu'il est convaincu de la prédominance du Mal sur le Bien. Et comme pour illustrer son propos, ils assistent un combat entre un navire espagnol et un vaisseau hollandais. Ce dernier coule et une centaine d'hommes se noient. Ce combat est pour Martin l'illustration des rapports humains de la façon dont " les hommes se traitent les uns les autres."

Après son arrivée à Bordeaux, Candide préfère se rendre à Paris qu'à Venise. Il n'y connaît qu'amertume et déception : un abbé retors et de fausses marquises et une fausse Cunégonde qui se révèlent être de vraies voleuses. Il se fait même injustement arrêter et ne parvient à s'enfuir qu'en soudoyant un officier de police.

Il embarque alors en compagnie de Martin pour l'Angleterre. Il assiste à l'exécution d'un amiral condamné pour " n'avoir pas fait tuer assez de monde." Finalement, il refuse de débarquer en Angleterre et demande au capitaine du bateau de l'emmener directement à Venise.

A Venise, il ne retrouve ni Cacambo, ni Cunégonde mais tombe sur Paquette, l'ancienne suivante de la Baronne de Thunder-ten-Tronckh. Elle vit en compagnie d'un moine, Giroflée. Ses confidences et celles du moine font apparaître à Candide des misères cachées. Candide décide alors de rendre visite au seigneur Pococurante qui a la réputation de n'avoir jamais eu de chagrin.

Le jeune héros s'émerveille de l'univers et de la personnalité de son hôte. Pourtant celui-ci évoque a demi-mot le dégoût et la lassitude du blasé. Candide ressort pourtant de cet entretien avec l'impression que le seigneur Pococurante est "le plus heureux de tous les hommes", car affranchi des biens matériels. Martin, lui, est plus pessimiste, il estime que ce seigneur est écœuré de tout ce qu'il possède.

Au milieu d'un souper de carnaval, alors que Candide dîne avec six malheureux anciens rois qui ont perdu leur royaume, il retrouve Cacambo qui est devenu esclave. Il lui apprend que Cunégonde l'attend sur les bords de la Propontide, près de Constantinople. Elle aussi est devenue esclave et est devenue très laide.

Candide se rend à Constantinople. Sur la galère, il croit reconnaître parmi les galériens le docteur Pangloss et le jeune baron (tous deux mal tués). Il les rachète au capitaine du navire.

Les deux anciens galériens racontent leurs aventures, mais le récit de leurs malheurs ne perturbe pas Candide qui est toujours convaincu que " tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes."

Candide retrouve Cunégonde, et il est saisi d'horreur à la vue de cette femme hideuse et défigurée. Il la rachète ainsi que la vieille femme. Il ne l'aime plus, mais l'épouse " par bonté" malgré le refus répété de son frère.

Candide se débarrasse du jeune baron en le renvoyant aux galères. il achète avec ses derniers diamants une modeste métairie où viennent se réfugier Paquette , le frère Giroflée, Pangloss, Martin, Cunégonde et Candide. Un sage vieillard leur conseille le travail qui "éloigne de nous trois grand maux, l’ennui, le vice et le besoin".

Candide en arrive à cette conclusion qui recueille l'assentiment de tous ses compagnons : " il faut cultiver son jardin."
Quelques Citations de Candide

Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.

Les malheurs particuliers font le bien général; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers et plus tout est bien.

Tout est bien, tout va bien, tout va le mieux qu'il soit possible

Je n'ai que vingt arpents, répondit le Turc ; je les cultive avec mes enfants ; le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice, et le besoin. "

Travaillons sans raisonner, dit Martin ; c'est le seul moyen de rendre la vie supportable.

Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda; la vieille eut soin du linge. Il n'y eut pas jusqu'à frère Giroflée qui ne rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme ; et Pangloss disait quelquefois à Candide : " Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. -- Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.

Source: alalettre.com

Litterature: Lorenzaccio - Alfred de Musset


Lorenzaccio - Alfred de Musset

 Résumé
L'action se passe à Florence en janvier 1537. Depuis peu, la ville a signé la paix avec Charles Quint, empereur d'Allemagne. Ce dernier avec la complicité du pape, a remis le pouvoir entre les mains du duc Alexandre de Médicis, issu d'une des vieilles familles de la cité.

Le duc est jeune et mène une vie débauche. Il règne sur la ville par la terreur, ne tenant compte ni du peuple, ni des autres grandes familles de Florence. On le déteste, mais pas autant que son cousin, son âme damnée : Lorenzo de Médicis, méchamment surnommé Lorenzaccio.

Acte I
Scène 1
Florence est en plein carnaval. La Lune éclaire un jardin. Le duc Alexandre de Médicis en compagnie de Lorenzo de Médicis attend avec impatience l'arrivée d'une jeune adolescente de quinze ans; une jeune fille dont Lorenzo vient d'acheter la vertu à sa propre mère afin de l'amener dans le lit du duc. Emporté par son désir, le duc s'approche du pavillon où se trouve la jeune fille.

Scène 2
Dans la rue, au lever du jour.
Plusieurs commerçants et bourgeois masqués sortent d'une maison illuminée. Ils commentent la situation politique de la ville. Il y a le père Mondella, un orfèvre qui déplore la décadence régnant dans la cité et qui critique Alexandre de Médicis, un bâtard dépravé et cruel dont les proches multiplient cynisme et outrages. Une femme, admirative devant les fenêtres éclairées, évoque avec envie le bal magnifique donné par Nicolo Nasi pour le mariage de sa fille. Déguisé en religieuse, le duc Alexandre sort du bal en compagnie de son fidèle Salviati. Ce dernier provoque la belle Louise Strozzi. Il tente de la séduire, mais celle-ci l'éconduit fermement.

Scène 3
Chez le marquis Cibo
Le marquis Cibo quitte Florence pour se rendre sur ses terres, à la campagne. Il fait des adieux émus à sa femme. Après son départ, le cardinal Cibo, le beau-frère de la marquise évoque le mariage de la fille Nasi. La marquise regrette que le duc se soit déguisé en religieuse, ridiculisant ainsi l'église. Elle avoue également au cardinal ses convictions républicaines, et ceci, bien qu'elle reçoive de la part du duc Alexandre, des lettres enflammées; lettres auxquelles elle ne donne d'ailleurs pas suite.

Scène 4
Dans une cour du palais du duc
Le duc reçoit le cardinal Valori, de retour de Rome : ce dernier l'informe que le pape Paul III est irrité des désordres auxquels se livre Lorenzo, que le peuple surnomme. Sire Maurice, un chancelier abonde en ce sens Lorenzaccio. Le duc Alexandre prend la défense de son cousin. C'est à ce moment qu'apparaît Lorenzo. Il se moque du chancelier, qui le provoque en duel. Ce duel amuse Alexandre. Lorenzo s'évanouit à la vue de l'épée.

Scène 5
Devant l'église de Saint-Miniato. La foule sort de l'église.
Les belles dames de la Cour discutent, avec les bourgeois et les favoris du duc, des fêtes du carnaval. Apparaît alors Julien Salviati. Après avoir scandalisé plusieurs dames, il se vante d'une promesse que lui aurait faite Louise Strozzi, celle de coucher avec lui.

Scène 6
Le soir, sur les bords de l'Arno.
Marie Soderini, la mère de Lorenzo, est en compagnie de Catherine, la tante du jeune homme. Elle s'interroge sur l'évolution de son enfant dont elle regrette la lâcheté ; lui qui tout jeune avait un idéal de vérité et manifestait une grande générosité pour les pauvres. A présent, son visage semble même enlaidi par ce cynisme qui l'habite. Catherine, la tante de Lorenzo, prend la défense du jeune homme, tandis que sa mère, qui imaginait un autre destin pour son fils, souffre de voir ce rêve s'évanouir. C'est alors que les exilés Florence, au nombre desquels Maffio, qui vit très mal la débauche de sa sœur, partent pour les grandes villes italiennes, en maudissant une dernière fois, cette ville maudite.

Acte II
Scène 1
Chez les Strozzi
Philippe Strozzi, le père, déplore la déchéance du peuple et regrette la corruption qui gangrène Florence. Il est également attristé par la complaisance de la population face à la débauche. Pierre et Thomas, ses deux fils, apprennent que leur sœur Louise a été insultée par Julien Salviati, l'un des fidèles du duc Alexandre de Médicis. Ils décident, malgré l'opposition de leur père, de la venger.

Scène 2
Le portail d'une église
Lorenzo est en compagnie du cardinal Valori. Un jeune peintre enthousiaste, Tebaldeo, montre aux deux hommes une toile représentant le portrait de ses rêves. Lorenzo le met face à ses contradictions puis finalement lui propose un travail : "Qu'il vienne demain au palais pour un tableau d'importance".

Scène 3
Chez la Marquise de Cibo
Le Cardinal Cibo est persuadé que le pape Paul III attend de lui qu'il influence le duc Alexandre. Il tente de pousser sa belle-sœur, la marquise de Cibo, qu'il entend en confession, à devenir l'amante du duc. Il pourrait ainsi profiter de l'influence de la Marquise sur Alexandre, pour orienter la politique de Florence.

Scène 4
Au palais des Soderini
Marie Soderini, la mère de Lorenzo, et Catherine, la tante du jeune homme, évoquent avec nostalgie le passé, lorsque arrive Lorenzo. Marie, raconte à son fils son rêve de la nuit dernière. Elle l'a aperçu, semblable au jeune enfant pur qu'il était autrefois. Lorenzo se montre troublé et demande à sa tante de lui lire l'histoire de Brutus. Arrivent alors son Oncle, Bindo, accompagné d'un ami. Tous deux souhaitent savoir dans quel camp se situe Lorenzo. Soutient-il les Médicis ou se range-t-il du côté des anciennes familles de Florence ? Lorenzo se met du côté des républicains. Arrive alors le duc Alexandre, qui passe lui faire une visite. Lorenzo en profite pour solliciter des privilèges pour son oncle et son ami. Les deux hommes, piégés, se confondent en remerciement. Le duc reste seul avec Lorenzo. Il lui avoue qu'il a séduit la marquise Cibo et qu'il souhaiterait maintenant que Lorenzo lui serve d'entremetteur auprès de sa tante Catherine, une belle femme qui ne le laisse pas insensible.

Scène 5
Une salle du palais des Strozzi
Le vieux Philippe Strozzi observe de sa fenêtre les rues sombres de Florence. Il a peur pour son fils Pierre qui s'est promis de venger l'honneur de sa sœur Louise. Pierre, justement arrive avec ses deux compagnons. Ils viennent de tuer Julien Salviati. Louise repousse son frère, couvert de sang. Ce dernier, malgré les conseils, refuse de se cacher.

Scène 6
Au palais du Duc
Tebaldeo réalise le portrait du Duc Alexandre. Il est à demi-nu, et a enlevé sa côte de mailles. Lorenzo profite de la situation pour s'en empare discrètement et la jette dans un puits. Malgré les soupçons de Giomo, l'un de ses conseillers, le duc Alexandre ne croit pas que ce soit Lorenzo qui ait commis un tel acte.

Scène 7
Devant le palais
Salviati, en train de mourir, se traîne auprès du duc et dénonce ses assassins. Alexandre promet de le venger et demande à ce qu'on les jette en prison.

Acte III
Scène 1
La chambre à coucher de Lorenzo
Dans sa chambre, Lorenzo s'entraîne avec son maître, Scoroncolo, au maniement des armes. Lorenzo ne révèle pas l'identité de son ennemi, mais il semble décidé à l'affronter seul. Il s'essaye à la pratique des armes , en faisant beaucoup de bruit et en criant, afin que ses voisins puissent s'habituer et ne donnent pas l'alerte le jour, où il se battra.

Scène 2
Chez les Strozzi
Pierre Strozzi regrette de ne pas avoir réussi à tuer Salviati. Il décide de préparer un complot, avec ses amis, contre l'ignoble Alexandre de Médicis. Puis il réussit à convaincre son père de l'accompagner chez les Pazzi, où a lieu un banquet républicain.

Scène 3
Une rue
Alors qu'ils se rendent chez les Pazzi, Pierre et Thomas sont arrêtés par un officier allemand et conduit en prison. Alexandre de Médicis a décidé de faire comparaître devant le tribunal les deux fils Strozzi. Leur père se lamente de l'iniquité de la justice qui va condamner les fils d'une honorable famille. Lorenzo arrive. Et a une longue discussion avec Philippe Strozzi. Le vieil demande à Lorenzo de délivrer Florence d'Alexandre de Médicis. Lorenzo évoque alors son destin. Lorsqu'il était jeune, il était bon et pur, puis un jour fatal, il a promis de libérer la patrie de ses despotes. Investi de cette mission, il a souhaité tuer le pape, mais il n'en a pas eu le temps. Il s'est alors infiltré dans l'entourage d'Alexandre de Médicis, c'est pour cela qu'il fut obligé de devenir son complice de débauche. Nul ne peut agir sans se compromettre et se salir le main. Philippe Strozzi loue le courage du Jeune homme. Bientôt Lorenzo va donc tuer le duc, mais il ne croit pas que les républicains seront capables de profiter de cette situation pour libérer Florence de la tyrannie. Son crime sera peut-être inutile, mais il servira au moins, à le venger, lui, qui ne peut retrouver sa pureté perdue.

Scène 4
Au palais Soderini
Catherine, la tante de Lorenzo, vient de recevoir la déclaration d'amour que lui a fait parvenir Alexandre. Il lui demande un rendez-vous et insinue que Lorenzo cautionne cette rencontre. Marie, la mère de Lorenzo est désespérée. Elle annonce qu'elle va mourir de chagrin.

Scène 5
Chez la marquise
La marquise est chez elle et attend Alexandre. Elle éconduit le cardinal qui annonce qu'il reviendra lors d'un moment plus favorable.

Scène 6
Le boudoir de la marquise
La marquise reçoit le duc et essaie de le convaincre de prendre la tête des républicains . Il pourrait ainsi libérer Florence de la domination allemande. Elle lui conseille de s'affranchir de ses mauvais conseillers et essaie de l'émouvoir en évoquant la postérité. Alexandre n'est guère réceptif aux discours vertueux de sa maîtresse, et il préfère prendre congé. Tandis que la marquise aide son amant à remettre son habit, apparaît le cardinal.

Scène 7
Chez les Strozzi
Philippe a invité les quarante Strozzi à souper. Ses deux fils, emprisonnés, sont absents. Le vieil homme demande aux convives de l'aider à les libérer. Durant le dîner, Louise Strozzi meurt empoisonnée. C'est un émissaire des Salviati qui a commis ce forfait. Les convives crient vengeance. Désespéré, Philippe, annonce qu'il renonce à la lutte et qu'il quittera Florence dès le lendemain.

Acte IV
Scène 1
Au palais du duc
Le duc Alexandre indique ignorer qui a empoisonné Louise Strozzi. Lorenzo vérifie une dernière fois que le duc ne porte pas sa cote de mailles et lui annonce que sa tante Catherine accepte de le recevoir. Il souhaite attirer le duc dans la chambre de Catherine et ainsi mettre en œuvre son projet.

Scène 2
Une rue
Relaxés par le Tribunal de Florence, les deux fils Strozzi reviennent chez eux. Ils apprennent que leur sœur a été empoisonnée et que leur père a quitté Florence. Pierre jure de se venger

Scène 3
Une rue
Lorenzo donne rendez-vous à Scoroncolo pour le soir même. Il lui demande juste d'être présent et de n'intervenir que si l'ennemi se défend. Resté seul, Lorenzo médite sur son destin. Faut-il vraiment tuer Alexandre ? Est-il si mauvais ce duc qui s'est montré généreux envers lui? Doit-il aller au bout de ce dessein qui a ruiné toute sa vie ?

Scène 4
Chez le marquis de Cibo
Le cardinal menace sa belle-sœur de révéler à son mari sa liaison avec le duc. Il lui reproche d'avoir irrité Alexandre en lui tenant des discours républicains. Sarcastique, elle lui indique qu'elle aimerait bien voir comment un prête se comporte en de telles circonstances. Le cardinal souhaite qu'elle reprenne ses relations avec le duc. La marquise juge indécent cette incitation à la débauche. Le cardinal menace de mettre sa menace à exécution. C'est à ce moment qu'apparaît le marquis qui rentre de la campagne. La marquise se jette à ses pieds et lui avoue tout.

Scène 5
La chambre de Lorenzo
Marie, la mère de Lorenzo qui ne peut supporter les avances du duc à la jeune Catherine, est tombée malade. Lorenzo est en discussion avec Catherine sur les avances du Duc. Il se rend compte qu'il ne peut encourager la débauche de sa tante. Resté seul, il pleure la mort de Louise Strozzi et le sort que pourrait connaître sa tante.

Scène 6
Une vallée avec un couvent dans le fonds
Pierre Strozzi rejoint son père dans le couvent où il s'est retiré. Il tente de le convaincre de se joindre aux conspirateurs qui ont obtenu le soutien de François 1er et qui sont maintenant aux portes de Florence. Le vieil homme refuse de prendre les armes contre sa propre patrie.

Scène 7
Un quai sur le bord de l'Arno
Lorenzo avertit les républicains qu'il va bientôt tuer Alexandre. Personne ne veut le croire.

Scène 8
Dans la plaine
Pierre Strozzi rejoint les conspirateurs. Mais Philippe, son père, ne s'étant pas joints à eux, ils renoncent à marcher sur Florence.

Scène 9
Une place, la nuit
Seul dans la nuit, Lorenzo prépare une dernière fois, dans les moindres détails, le crime qu'il s'apprête à commettre.

Scène 10
Chez le duc
Le cardinal Cibo, et Giomo, l'un des favoris du duc, préviennent ce dernier que Lorenzo prépare un complot contre lui. Alexandre refuse de les croire.

Scène 11
La chambre de Lorenzo
Le duc a suivi Lorenzo, persuadé que celui-ci le conduit vers Catherine. Il arrivé dans la chambre de Lorenzo et se prépare à accueillir sa nouvelle maîtresse. Lorenzo tue alors le duc et son maître d'armes, Scoroncolo, découvre l'identité de la victime. Lorenzo savoure ce bonheur, puis il s'enfuit après avoir caché le cadavre d'Alexandre dans sa chambre.

Acte V
Scène 1
Au palais du duc
Le cadavre d'Alexandre vient d'être découvert dans la chambre de Lorenzo. Le cardinal Cibo propose qu'on nomme très rapidement un successeur. Le conseil des Huit ne sait quel homme désigner. Le cardinal Cibo propose le nom de Côme de Médicis.

Scène 2
A Venise
Lorenzo rejoint Philippe Strozzi et lui apprend qu'il a tué le duc de Florence. Le vieil homme se réjouit de cette chance qui est donnée à Florence, mais Lorenzo doute du sursaut des républicains. Puis Lorenzo découvre que son sa tête est mise à prix par le conseil des Huit. Il est accusé d'être un traître à la patrie.

Scène 3
Une rue, à Florence
Une conversation de rue nous apprend que le marquis Cibo a pardonné à sa femme son infidélité.

Scène 4
Une auberge
Pierre Strozzi, reçoit d'un messager le soutien du roi de France. Il souhaite encore organiser un coup de force, mais sans trop savoir comment.

Scène 5
Une place à Florence
Le marchand et l'orfèvre que nous avions lors du premier acte évoquent la mort du duc. Ils annoncent que Côme de Médicis a été désigné comme nouveau du de Florence.

Scène 6
Une rue, à Florence
Des étudiants appellent les citoyens de Florence à ne pas laisser désigner un duc sans voter.

Scène 7
Venise, le cabinet de Strozzi
Lorenzo apprend la mort de sa mère. Ils déplorent tous deux, la nomination de Côme de Médicis en remplacement d'Alexandre. Malgré les mises en garde de Philippe, Lorenzo décide de braver le danger et de se promener dans Venise. A peine est-il sorti , qu'un domestique annonce sa mort. Un homme, caché derrière la porte l'a assommé et la foule a jeté son corps dans la lagune.

Scène 8
Florence, la grande Place
Le peuple acclame Côme de Médicis tandis que le cardinal Cibo lui fait prêter serment. Le nouveau duc promet au cardinal de toujours respecter ses conseils.


Source: alalettre.com