Lorsqu’il aborde pour la première
fois la littérature scientifique en psychologie sociale, le lecteur peu habitué
à ce genre d’écrits est très souvent intimidé, voire dérouté, et ce qui devrait
être un passionnant récit des travaux du chercheur devient un décryptage
laborieux. Généralement, le lecteur profane entreprend de lire cet article
comme n’importe quelle autre pièce de prose, phrase après phrase, mot après
mot. Toutefois, il apparaît que cette stratégie ne soit pas appropriée lorsque
le lecteur n’est pas habitué à la littérature scientifique, à son jargon et à
ses outils. Il est toutefois remarquable que les publications scientifiques
suivent en réalité une structure très précise qui a pour objectif de faciliter
la lecture et permettre de suivre les idées du chercheur. Cet article se
propose d’apporter une aide à la lecture d’articles scientifiques en analysant
les différents types de publications, et en apportant quelques techniques de lecture
lors des premiers abords. Nous pensons qu’après avoir décodé la structure
générale d’un article, le lecteur abordera plus sereinement cette forme
particulière de littérature.
Il existe différents types de
publications scientifiques en psychologie. Les principales lectures
obligatoires auxquelles les étudiants sont confrontés sont des ouvrages
individuels ou collectifs, des chapitres de manuel, ou encore des articles de
revues. Ces publications sont en réalité de natures très différentes et ne
suivent pas toujours les mêmes exigences. En outre, la crédibilité qui peut-être
conférée à chacune n’est pas la même. Sans être garantes d’un crédit sans
limites, les revues à comité de lecture offrent la plus grande exigence au
niveau de la qualité scientifique. En effet, ces revues passent par ce qui
s’appelle un processus d’expertise : pour chaque article envoyé à ces revues,
des experts sont désignés parmi les spécialistes du domaine étudié (les « pairs
») pour évaluer les articles, demander des corrections ou des précisions sur
certains points du texte, ainsi que pour donner leur avis final sur
l’acceptation de l’article pour publication ; on parle alors d’évaluation par
les pairs ( peer-reviewing ).À l’issue
de ce processus d’expertise, seule une petite proportion d’articles1 parmi ceux
soumis est finalement publiée. Par conséquent, la sélection opérant,les
articles qui arrivent à la fin du processus de publication sont indéniablement d’une
plus grande qualité scientifique. Cela ne doit pas pour autant discréditer les
autres formes de publications, qui peuvent également être de grande qualité scientifique,
ni idéaliser les articles parus dans les revues à comité de lecture en leur
attribuant une confiance aveugle : l’idéal est de connaître les critères de
sélection des publications pour rester critique et ainsi réaliser ses choix en
connaissance de cause. Dans cet article, nous traiterons principalement des
articles publiés dans les revues à comité de lecture, qui concernent la plus grande
part de l’apport scientifique de la psychologie sociale. Les revues scientifiques
de ce type ne suivent pas une voie de diffusion classique.
Elles sont généralement
distribuées par le biais d’associations de recherche pour lesquelles l’adhésion
fait également office d’abonnement à la revue. La fréquence de parution de ces
revues est variable (certaines sont mensuelles, d’autres semestrielles, etc.),
de même les publications d’articles ne donnent pas droit à une rétribution : ni
droits d’auteur, ni pige ne sont touchés lors de la publication d’un article.
Tout au plus, la satisfaction d’avoir apporté sa contribution à la science.
Les
revues scientifiques en psychologie sont variées.
Certaines sont généralistes et
s’intéressent à la psychologie de manière générale (p.ex., l’Année psychologique,
Psychologie française, le Bulletin de psychologie), d’autres traitent
exclusivement de psychologie sociale (p.ex., Cahiers internationaux de
psychologie sociale, Revue internationale de psychologie sociale Journal of
social psychology ).
Il existe également des revues
spécialisées dans un domaine spécifique. De la sorte, certaines revues sont
spécialisées dans la publication de recherches appliquées (p.ex., Basic and
applied social psychology; Revue européenne de psychologie appliquée ) ou encore
des revues traitant spécifiquement d’un champ de recherche de la psychologie
(par exemple Journal of non verbal behavior ;Group processes and intergroup
relations ).Outre le sujet des articles qui sont publiés au sein de ces revues,
le type d’article publié est lui-même dépendant de la revue : certaines revues sont
spécialisées dans la publication d’articles présentant des revues de question(p.ex.,
Psychological bulletin, European review of social psychology ), alors que d’autres
sont spécialisées dans la publication d’articles empiriques (p.ex., Journal of expérimental
social psychology, Revue internationale de psychologie sociale ).
Les différents
types d’articles scientifiques
Trois grandes catégories
d’articles peuvent être définies. Le rapport de recherche empirique 2 (research
report) est le plus habituel et présente de manière formelle une étude ou une
série d’études qui n’a jusqu’alors jamais été publiée. Il existe également une
version très courte du rapport de recherche, appelé article court, note de
recherche ou short note. Il est, en somme, un rapport de recherche condensé (2
à 5 pages) et propose un strict résumé de l’étude, où seuls la procédure et les
résultats sont réellement développés. Les études publiées dans ces articles
courts disposent de données intéressantes, mais ne proposent généralement pas
d’avancées théoriques majeures. La revue de questions ( review article )
présente un panel d’études publiées généralement dans l’objectif d’émettre de
nouvelles hypothèses ou de suggérerdes points de développement pour les
recherches futures. Ce type d’article ne comporte pas d’études empiriques. Enfin,
l’article théorique (theoritical article) est proche de la revue de question,
mais l’auteur va y développer de nouvelles explications théoriques ou encore
comparer l’efficacité d’une théorie par rapport à une autre.
Structure
d’un article scientifique
La plupart des articles suivent
une architecture stricte prescrite par l’association américaine de psychologie
( American psychological association, APA) ou toute autre norme prescrite par
la revue qui le publie. Celles-ci apportent l’avantage de faciliter la
diffusion d’informations pour le lecteur qui peut alors se focaliser sur le
fond de l’article sans avoir à jongler avec les différents styles des auteurs. L’APA
publie pour cela un ouvrage complet 3 qui définit les normes d’écriture, de
présentation et les références d’articles (c.-à-d., les fameuses normes APA).La
majorité des articles de type rapport de recherche suit une structure classique
en cinq parties principales. Dans un premier temps, le lecteur va lire le titre
et le résumé de l’article. Dans la mesure où ils contiennent les informations
qui vont permettre de déterminer l’utilité de l’article en fonction de ses
objectifs, il ne faut pas les négliger. Ensuite, le corps de l’article comprend
une partie introduction théorique, présentant les recherches antérieures qui
sont pertinentes pour le présent article, une partie empirique, décrivant la
méthode employée pour le recueil des données, suivie d’une partie résultats,qui
développe les analyses statistiques permettant d’appuyer les conclusions de
l’auteur. Enfin, la dernière partie nommée la discussion, sera destinée à l’analyse
des résultats et à la mise en relation de ces derniers avec la littérature
existante.
Lorsque l’article présente plusieurs études,
chaque partie peut être elle-même divisée en sous parties. La structure de
l’article permet au lecteur de s’orienter à travers le texte en fonction des
informations qu’il cherche, que ce soit un point théorique, une précision
méthodologique, ou les conclusions d’une étude.
Nous allons maintenant voir plus
en détail la structure d’un article classique, et les informations que sont
susceptibles de contenir chacune des parties.
Titre et résumé
Le titre est le premier
indicateur du contenu d’un article. Les normes voudraient qu’il soit possible
de comprendre la problématique de l’article à partir de la simple lecture du
titre. Toutefois, dans la pratique, ce n’est pas toujours le cas. Les chercheurs
sont en effet dotés d’un certain sens de l’humour et les titres ont parfois
davantage pour objectif de réaliser une accroche auprès le lecteur que de
réellement informer de la problématique (p.ex., « la relation entre perception
et comportement, ou comment gagner au Trivial poursuit 4» ;« la Terre est ronde (p< .05)5»).
Les articles disposent également d’un résumé (abstract). Le titre de la
publication, le nom et l’affiliation institutionnelle des auteurs est accompagné
d’un résumé du texte n’excédant pas 200 mots. Celui-ci se doit de synthétiser
l’objectif de l’étude, la méthodologie utilisée, les résultats et même les
conclusions des auteurs. Une lecture du résumé est censée permettre au lecteur
de se forger une idée du contenu l’article et ainsi lui donner suffisamment
d’éléments avant de se lancer dans lecture du corps de l’article. Ces résumés
sont accessibles sur les bases de données informatiques et permettent aux
chercheurs ou aux étudiants d’identifier les articles qui correspondent à leurs
besoins.
« Les chercheurs sont dotés d’un certain sens
de l’humour et les titres ont parfois pour objectif de réaliser une accroche
auprès le lecteur »
Introduction
Les auteurs posent les bases de
l’article dans l’introduction. Celle-ci doit poser le fil conducteur du texte
et permettre au lecteur de comprendre les motivations qui ont mené les auteurs
à mettre en place cette recherche. Ils y présentent généralement le problème et
l’état actuel des choses. L’introduction est en fait bien plus qu’une entrée en
matière dans la mesure où elle présente également le contenu théorique initial
à la recherche. Chaque introduction est généralement composée de trois parties.
La première partie consiste en une ouverture de l’article, la deuxième fait
état de la littérature pertinente pour le sujet étudié dans l’article, tandis
que la troisième partie sert de transition vers l’étude présentée par les
auteurs.
Les premiers paragraphes sont la
plupart du temps généraux, et il est difficile de trouver des articles qui rentrent
dans le vif du sujet dès la première ligne. En effet, il est de coutume (et
recommandé) d’engager un article en entonnoir, c’est-à-dire de commencer par un
point de vue général pour aboutir à une problématique spécifique. Il existe
plusieurs stratégies d’ouverture. Kendall, Silk et Chu (2000) en identifient
six, mais leur liste n’est pas exhaustive.
D’après ces auteurs, l’ouverture
de l’article peut se faire à l’aide d’une question rhétorique, d’une anecdote
de la vie quotidienne, d’une analogie ou d’une métaphore, permettant d’élargir
l’étendue de l’article, d’un fait ou de chiffres marquants, d’un fait
historique ou bien d’une mise en avant de l’importance de la présente étude en
insistant sur le manque de recherche sur le sujet.
La deuxième partie de
l’introduction sert à présenter les recherches précédentes qui sont pertinentes
pour l’étude développée dans l’article. La partie théorique d’une étude peut
répondre à différents objectifs. Tout d’abord, cette présentation peut faire
l’objet d’une approche historique d’un champ de recherche. Après avoir situé la
thématique générale, les auteurs en viennent souvent à développer brièvement
l’évolution historique ou du moins les dernières approches en date. Puis ils
proposent une nouvelle ligne de recherche dans la continuité de la précédente.
La partie théorique peut avoir pour objectif d’intégrer, comparer, ou
confronter des champs théoriques ou des résultats empiriques de différentes
sous disciplines ou d’approches conceptuelles différentes, afin d’en expliquer les
incohérences. L’objectif final de cette partie théorique peut également être d’introduire
un nouveau modèle conceptuel, qui sera évalué dans la ou les expériences
rapportées dans l’article La troisième partie de l’introduction fait la
transition entre la théorie et la partie empirique. Elle présente les
hypothèses théoriques des auteurs et résume la méthodologie qu’ils ont employée
pour tester ces hypothèses. Dans le cas d’articles proposant plusieurs études,
l’introduction générale est plus longue et chaque étude fait l’objet d’une
petite introduction qui lui est propre, présentant les nouveaux concepts qui
sont ajoutés dans cette nouvelle expérience. Lors de la lecture d’un article,
vous devez vous assurer d’avoir compris l’ensemble de cette partie. Si vous ne
savez pas pour quelles raisons les auteurs traitent de la problématique
soulevée, il vous sera impossible de comprendre convenablement la méthode, les
résultats, ni même la discussion. Jordan et Zanna (1999) proposent de se poser
les questions suivantes après avoir lu la partie introductive pour s’assurer
d’avoir compris la démarche des auteurs : Quel est le problème étudié et pour
quelles raisons ? De quelle manière cette étude s’inscrit-elle dans les études
précédentes et propose-t-elle d’aller au-delà ? Quels problèmes les chercheurs
espèrent-ils résoudre avec cette étude et de quelle manière ?
Méthode
La méthode correspond en quelque
sorte à une recette de cuisine : de la même manière qu’une recette énumère les
ingrédients, le type d’ustensiles à utiliser et le mode de cuisson nécessaire,
la méthode informe de la procédure à suivre pour répliquer les résultats des
auteurs, pour obtenir le même gâteau en somme. Cette partie est en effet très
précise dans la mesure où, si la science se base sur la recherche d’invariants,
les résultats d’une étude doivent de ce fait être« réplicables » lorsque les
mêmes conditions sont réunies. La méthode doit permettre à elle seule de
reproduire la même expérience et – normalement – d’observer les mêmes résultats.
La précision de cette partie, doit également donner les moyens aux autres
chercheurs et experts d’examiner la procédure et déceler d’éventuels éléments
d’ordre méthodologique susceptibles d’expliquer les résultats obtenus, voire de
remettre en cause la validité de l’étude. De ce fait, la méthode est la partie
la plus structurée du texte. Elle présente, point par point, les éléments avec
assez peu de variation d’un article à l’autre. Cette partie peut éventuellement
être engagée par une vue d’ensemble (overview), qui résume la méthode et permet
de se forger une idée du déroulement de l’étude. Par la suite, on retrouve
généralement une sous partie nommée population (ou participants), qui précise
le type et la taille de l’échantillon utilisé dans le cadre de l’étude ainsi
que le mode de recrutement. Le matériel est
également précisé, la nature des questionnaires et leur construction. Lorsque
des équipements particuliers (en anglais, apparatus), appareils
d’enregistrement physiologique (p.ex., électro-encéphalogramme, réflexe psycho
galvanique) ou procédures informatiques (p.ex., Implicite attitude test), ont
été utilisés pour l’étude, les spécifications des outils et paramètres utilisés
sont informés dans cette section. L’élaboration d’une expérience ou d’un
questionnaire censé mettre en évidence le lien entre plusieurs concepts
psychologiques nécessite d’opérationnaliser ces concepts, c’est-à-dire de les
rendre observables dans le contexte étudié. La plupart des concepts qui
intéressent les psychologues ne sont pas toujours facilement observables
directement. Par exemple, il est impossible d’observer directement
l’intelligence d’une personne. Le chercheur doit donc définir l’intelligence
(comme une faculté générale – le facteur g — ou comme un ensemble de facultés
indépendantes — l’intelligence spatiale, numérique, et verbale), puis
construire un outil (par exemple, un test de Quotient intellectuel) qui lui
permet de mesurer l’intelligence ainsi définie. On nomme « variable »le concept
étudié et sa définition opérationnelle 6. Cette opérationnalisation est
présentée dans la partie méthode. L’ensemble des variables opérationnelles est défini
dans la méthode.
La procédure (ou le déroulement) Présente
l’étude comme une histoire qui est contée au lecteur et narre ce qui arrive aux
participants depuis leur recrutement jusqu’à la fin de l’étude. Pour bien
comprendre la procédure utilisée par le chercheur,
Imaginez-vous à la place du
participant qui arrive au laboratoire. Une dernière sous partie intitulée
Démystification (ou plus généralement Debriefing), informe de la manière dont
les participants sont mis au courant des objectifs réels de l’étude. Enfin, la
méthode est close par les hypothèses opérationnelles, soit la traduction
concrète des attentes théoriques des chercheurs. La compréhension de la
méthodologie reste essentielle pour évaluer la pertinence, les limites, et la
validité des conclusions d’une étude. L’acquisition de connaissances
méthodologiques se faisant difficilement à la seule lecture des articles
empiriques, il est de ce fait nécessaire de se familiariser avec ces concepts
en suivant un cursus d’étude, ou en lisant des articles ou chapitres
spécialisés dans la méthodologie. Une bonne approche peut se faire à l’aide de
lecture d’ouvrages portant sur la méthodologie de recherche (p.ex. Delhomme &
Meyer, 2002 ; Reis & Judd, 2000). Une fois que vous serez à l’aise avec ces
concepts méthodologiques, posez-vous les questions suivantes lors de vos
lectures : quelles sont les variables et comment sont-elles opérationnalisées ?
Ces opérationnalisations sont-elles pertinentes pour tester les hypothèses
avancées ? Quelle validité peut-on conférer à la méthodologie mise en place ? Selon
ses objectifs, cette partie peut n’être que survolée par le lecteur. En effet,
elle apporte uniquement des réponses d’ordre technique et il est tout à fait
possible de s’en passer et de n’y revenir que si vous avez besoin d’un éclairage
sur la manière dont les chercheurs ont mis en place leur étude
Résultats
La partie résultats est
généralement la plus complexe à comprendre pour le lecteur novice. En effet,
elle est bien souvent perçue comme une suite de tests statistiques plus ou
moins hermétiques aux étudiants qui s’attardent tout au plus quelques minutes
sur les tableaux résumant les données. Pourtant, si elle n’est pas essentielle
à la compréhension du texte, elle apporte des informations indispensables
concernant les informations recueillies lors de l’étude et les conclusions qui
peuvent en être tirées. Cette partie présente ainsi dans un premier temps des
statistiques descriptives et y adjoint des tests statistiques pour évaluer les
hypothèses avancées par les auteurs. La plupart du temps, les résultats sont
résumés sous forme de phrases auxquelles sont accolées les informations
statistiques (moyennes et tests). Des tableaux ou des figures peuvent également
être présents pour synthétiser les données
La difficulté de cette partie réside dans la
compréhension des tests et les valeurs qui y sont associées. La plupart du temps,
ce sont des tests statistiques classiques qui sont utilisés (analyse de la
variance – ANOVA, χ2, régression…). Prendre le temps de bien comprendre les
informations contenues dans ces tests permet de faciliter la lecture. Plusieurs
informations sont systématiquement contenues lors de la présentation d’un test.
Les auteurs commencent généralement leur analyse par citer le test utilisé
(p.ex.,χ2 ; ANOVA ; régression), puis après avoir donné le sens des résultats
avec les moyennes, ils donnent les informations sur les tests : les paramètres
du test le plus souvent entre parenthèses (degrés de liberté effet ; degré de
liberté erreur ; nombre de participants), la valeur de l’indice du test (p.ex.,χ²
;t ;F), ainsi que le fameux P associé aux valeurs de l’indice et des
paramètres. Les indices ( F ,t , ou autres) correspondent à une valeur calculée
sur la base des données et qui va être comparée à une valeur théorique (trouvée
dans des tables de F, de t, etc.) afin d’obtenir un autre indice : p. Ce P correspond
à la probabilité d’obtenir cette valeur calculée, et donc d’observer ces
résultats, si ceux-ci étaient dus au hasard. En d’autres termes, le p indique
le risque de se tromper en considérant que l’hypothèse nulle 7 est rejetée, et
qu’il existe un lien entre les variables étudiées. En psychologie, la valeur
arbitraire d’acceptation d’un effet est arbitrairement établie à .05, soit5% de
risque. Si la valeur de p est inférieure à ce seuil, c’est que les données montrent
un effet statistiquement significatif. Quand le risque est supérieur à .10, les
auteurs marquent ns à côté du test pour
indiquer le celui-ci est non significatif. Certains auteurs vont également
marquer cet effet si la valeur oscille entre .05 et .10 (entre 5% et 10% de
risque) : ils parlent alors d’effets tendanciels. Cependant, cette appellation
laisse supposer que la probabilité de rejeter l’hypothèse nulle à tort est un
indicateur de l’ampleur de la relation entre les variables étudiées, ce qui est
absolument faux. Pour connaître la force de la relation entre les variables
étudiées, le chercheur doit indiquer d’autres informations, telles que la
taille de l’effet. Les indices de taille d’effet varient selon les tests
statistiques utilisés, mais le principe reste le même : plus la valeur de
l’indice de taille d’effet est grande, plus l’effet mesuré est important. De
manière générale, ces indices de taille d’effet représentent la proportion de
la variabilité dans la mesure de l’une des variables étudiées qui peut être
expliquée par la ou les autres variables d’intérêt. Il vous est conseillé de
prendre le temps de lire cette partie, même si vous ne comprenez pas
entièrement les informations qui y sont contenues lors de vos premières
lectures. Par ailleurs, si vous envisagez de consulter régulièrement cette
littérature spécialisée (dans le cadre de vos études, ou autre), vous familiariser
avec ces tests vous permettront, lorsque vos connaissances en statistiques
seront
suffisantes, à la fois de mieux
comprendre l’utilité des statistiques enseignées et de mieux comprendre ce que
les auteurs ont réalisé pour vérifier leurs hypothèses. Cette partie est, sans
autre comparaison, ce qui est le plus difficile
à comprendre pour un lecteur
non-initié. Toutefois, rassurez-vous, tous les étudiants sont passés par cet
apprentissage, et ce n’est pas insurmontable pour peu que l’on s’attache à
essayer de comprendre.
Discussion
La discussion est la partie finale
de l’article dans laquelle les auteurs résument
leurs résultats et tirent leurs
conclusions. Dans certains cas, l’article ne présente pas une étude, mais
plusieurs études. La discussion est alors scindée en plusieurs sous discussions
: une courte discussion après chaque présentation d’expériences, puis une
discussion générale qui synthétise l’ensemble des informations. La plupart du
temps, les auteurs reprennent les principaux résultats de leur analyse, puis
discutent les hypothèses associées. Les données sont alors interprétées au
regard de la théorie annoncée dans l’introduction. Le dernier paragraphe de
l’article va souvent plus loin que l’analyse même des données et suggère des
études futures pour continuer l’investigation de la théorie développée. La
discussion est généralement la partie plus riche de l’article. C’est dans cette
partie que les auteurs réalisent réellement un apport pour la discipline : ils
y synthétisent les objectifs de la recherche, les résultats, et leurs conclusions
personnelles. Toutefois, comme vous devez l’avoir compris, il est indispensable
d’avoir bien compris l’introduction pour appréhender la discussion. Si lors de
la lecture de cette partie, vous vous rendez compte que vous ne la comprenez
pas, retournez à l’introduction pour reprendre les bases de l’article
Quelques conseils aux étudiants
Lisez régulièrement et
intelligemment
Ne vous laissez pas
impressionner. Prenez le temps de lire des articles et
Ouvrages de psychologie.
Mettez-vous au calme et lisez régulièrement. Plus vous en lirez, plus vous
prendrez de l’assurance dans ces lectures et plus il vous sera, de fait, plus
facile de comprendre leur contenu. Il est possible de lire un article
scientifique en utilisant plusieurs stratégies. Avant tout, il est important de
définir les objectifs qui vont guider la lecture de l’article. La façon
d’aborder l’article va différer en fonction des informations qui vous sont
nécessaires. Un article scientifique ne sera pas abordé de la même façon que
vous cherchiez une information théorique, un point de méthodologie, un résultat
particulier, ou une interprétation de ce résultat. Parmi les stratégies
disponibles, il est possible notamment de ne pas lire l’intégralité de
l’article. Par exemple, le lecteur débutant pourra commencer en ne lisant que
les parties introduction et discussion, le temps de se familiariser avec le
jargon employé dans la discipline ou dans le champ d’étude qui l’intéresse, et
pourra ensuite changer de stratégie. Il est possible également de lire les
différentes parties dans le désordre. Par exemple, le lecteur qui désire se
familiariser avec la lecture des résultats d’une étude pourra lire la partie
empirique de l’article.
Après avoir lu la partie
discussion. En effet, cette dernière reprenant les résultats sous forme de
phrases, elle peut servir de guide dans la compréhension des analyses
statistiques. Finalement, le lecteur est libre de choisir la ou les parties à
lire, en fonction de ses objectifs immédiats. Assurez-vous également d’avoir
compris le résumé avant de vous lancer dans la lecture complète de l’article.
Cela peut sembler évident, mais une compréhension générale de l’article devrait
vous faciliter la compréhension des détails.
N’hésitez pas à relire un article
que vous n’avez pas compris dans son intégralité lors d’une première lecture.
Si vous disposez de suffisamment de temps, laissez-vous quelques jours puis
recommencez à lire l’article depuis le début. Il est essentiel de comprendre
l’article pour restituer fidèlement les idées des auteurs. En faisant l’impasse
sur des notions incomprises ou si vous ne comprenez pas le point de vue de
l’auteur, vous risqueriez de mal interpréter ses propos. De plus, comme chaque
auteur a des objectifs différents, et met l’emphase sur des faits ou résultats
différents, lorsqu’il décrit une recherche dans son propre article, il est
recommandé de vous référer à la source originale, plutôt que d’aborder un
article par le biais d’un autre article. Ce conseil est particulièrement
pertinent pour les personnes qui utilisent cette source dans le but d’écrire un
article journalistique ou un résumé de recherche. Il est parfois surprenant de
découvrir un article après en avoir pris connaissance par le biais d’un autre
auteur, pour s’apercevoir que les conclusions tirées par ce dernier sont à
mille lieues de celles de l’auteur original.
«
Lisez régulièrement et intelligemment... n’ayez pas peu des articles
anglophones... rédigez des synthèses d’articles... »
source: academia.edu
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